Quand est-ce que la pénibilité des métiers sera enfin prise en compte ?
Journal Grand-Angle No 160 – Été 2017
Dans l’évolution actuelle du contexte professionnel, nous observons des paradoxes entre les volontés des employeurs et du législateur.
De plus en plus, les employeurs souhaitent se séparer prématurément des collaborateurs approchant de la retraite. Ils espèrent diminuer rapidement les coûts plus élevés de ces collaborateurs pouvant déployer une productivité plus faible suivant la pénibilité des tâches. À l’inverse, le législateur souhaite augmenter l’âge de la retraite à 65 ans pour tous, voire 67 ans si le financement venait à manquer. De plus, le collaborateur pourrait partir à la retraite après 65 ans pour améliorer la rente AVS. Encore faut-il le pouvoir !
Si le projet prévoyance 2020 est accepté par le peuple suisse en septembre, il deviendra urgent de bien gérer la pénibilité des métiers et de pouvoir maintenir les collaborateurs en poste jusqu’à la retraite. Les solutions « faciles » d’hier ont fait leur temps (mise à l’Al et retraite anticipée), il est nécessaire aujourd’hui d’être plus inventif. C’est là tout l’enjeu du projet pénibilité des métiers, dont les premières étapes ont permis de quantifier le nombre de collaborateurs concernés. Compte tenu de nos métiers de réseaux, le nombre de collaborateurs soumis à un métier pénible est inévitablement élevé et une fraction se verra empêchée d’exercer son métier pour des raisons de santé. Est-ce une raison pour interrompre les relations de travail ? Certainement pas. Car leur engagement mérite une reconnaissance de l’entreprise pour le travail accompli et un soutien indéfectible.
Les employeurs souhaitent se séparer prématurément des collaborateurs approchant de la retraite. À l’inverse, le législateur souhaite augmenter l’âge de la retraite.
Par le passé, la direction a trop souvent cité les articles du Statut du personnel qui peuvent mettre fin à des conditions de travail (art. 25 et 44), mais passe sous silence l’article 3. Les principes mentionnent « une gestion proactive du personnel dans le respect du collaborateur» ainsi que « le maintien et le développement des compétences ». L’article 4 mentionne « une prise en compte de la santé et de la sécurité dans la planification des ressources ainsi que leur intégration dans la gestion courante de l’entreprise ».
On voit donc que le Statut prévoit les bases pour une gestion saine de la pénibilité des métiers. Quoi qu’il en soit, cette gestion demandera des moyens financiers supplémentaires. Les pistes existent : réduire la pénibilité, former le collaborateur pour un nouveau métier, alléger les horaires de travail vers la fin de carrière, occupation d’un poste moins pénible et pour certains cas une retraite anticipée sans baisse de rente.
En conclusion, pour la pérennité de SIG, il est urgent de planifier le développement du personnel exerçant des métiers pénibles, d’allouer des moyens supplémentaires aux unités concernées et de tenir compte de la personne humaine dans toute réflexion sur les leviers de performance.
Patrick Schaub | Président