COVID-19

Journal Grand-Angle No 165 – Printemps-été 2020

La crise : un prétexte pour ajuster le système de prévoyance en notre défaveur ?

L’activité syndicale est particulièrement sous pression en période de crise. Tous les regards sont focalisés sur l’évolution de la COVID-19 et les mesures sanitaires pour le combattre.
La tentation de faire passer des projets populaires contestés est grande. Notons deux exemples au niveau fédéral : le positionnement du Conseil fédéral sur l’ouverture totale du marché de l’électricité, qui a passé de manière inaperçue, et la remise en projet de la loi sur la prévoyance professionnelle LPP, qui préconise une baisse du taux de conversion.

Développons le deuxième thème qui nous concerne tous directement. Les deux projets de loi précédents ont échoué en votation populaire malgré tous les consensus politiques.
Pourquoi une telle persistance à faire des réformes impopulaires ?

Rappelons que le système de la prévoyance du deuxième pilier est basé sur la capitalisation. Ce capital est constitué par les cotisations des employés et des employeurs, puis est placé dans des actifs immobiliers et des actifs financiers en bourse. Il est donc soumis aux fluctuations boursières à court terme, comme cette année avec le coronavirus, de même qu’en 2008 avec la crise financière et en 2002 avec l’éclatement de la bulle des « start-up » notamment. Par expérience, la bourse a repris sa progression après chaque crise et c’est encore le cas aujourd’hui. La progression moyenne de la bourse ces dernières années se situe à un niveau d’un peu moins de 3 % par an.

Or, les experts en prévoyance poussent les caisses, à travers une directive, à compter sur un rendement du capital très faible (taux technique en primauté de prestation), soit au maximum 2%. Ils prônent même une baisse continue pour les prochaines années sans tenir compte d’une réalité économique nettement supérieure.
Une caisse comme CAP Prévoyance a de plus diversifié sa fortune, elle peut atteindre des rendements réels historiques relativement confortables de l’ordre de 4%.


Pourquoi une telle persistance à faire des réformes impopulaires.

L’allongement de l’espérance de vie à la retraite et le renchérissement du coût de la vie sont des facteurs qui permettent de revoir le taux de conversion en primauté de cotisation. Le premier commence à stagner et ne justifie plus un abaissement supplémentaire à celui qui est en court (7,2 % à 6,8 %) et le second reste faible.

Cette volonté de baisser les rentes par le Parlement n’a-t-elle pas pour objectif de placer des produits financiers complémentaires comme le troisième pilier pour compenser la baisse qu’il provoque? Il est vrai qu’à chaque baisse du taux de conversion, nous recevons de telles offres ! Une autre raison serait-elle de maintenir le capital en bourse en versant moins de retraite ? Dans les deux cas, c’est inacceptable pour les travailleurs.

Cette pression des autorités aboutira finalement à revoir les rentes des futurs rentiers sur une base erronée ! II devient donc important d’avoir un esprit très critique pour pouvoir argumenter et négocier les conditions cadres dans le but de préserver la qualité des futures rentes aux plus jeunes par rapport aux conditions réelles des marchés.

Patrick Schaub | Président

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